Faille spatio-temporElle


Elle est là, au bord du précipice.

Les pieds droits, le vide devant. Ça souffle beaucoup pour la saison, l’air est humide, le ciel gris. Elle entend le bruit des voitures, sent la chaleur des phares. Ces gens qui se pressent sous la pluie.
Elle hésite, elle sait ce qu’elle laisse derrière. Serait-ce vraiment mieux après ? Comment faut-il sauter ? Tout droit, se laisser tomber ? Prendre un élan ?
Elle commence à être essoufflée, la panique qui l’envahit. Une décision sans retour possible.
Elle soulève un pied et le repose. Elle a froid, elle aurait dû prendre un gilet, une veste molletonnée, pour les caresses.
Que va-t-elle trouver là-bas ? D’autres gens ? D’autres paysages ? D’autres mélodies ? Du vert, des fleurs, de la poésie.
Les oiseaux deviennent bruyants, auraient-ils trouvé une proie ?

Elle passe à l’action, sauter à pieds joints c’est plus franc.
La chute est longue, elle se sent aimantée, attirée vers le sol. C’est très bruyant, douloureux pour ses oreilles. Le vent la fouette, ses yeux pleurent.
L’atterrissage est brutal.
Un genou à terre et une impulsion pour se relever. Quelle sensation !
Son rythme cardiaque s’apaise. Elle inspire calmement et regarde tout autour.
Enfin, elle y est. Dans le monde réel, elle va commencer à vivre sa propre vie.
Le plus difficile était de passer le cap, le plus beau est à venir.
Désormais, elle sera entourée, aimée, choyée.

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