Le grand départ


Cher ami,

Comme promis, j’ai pensé à toi au réveil ce matin. A ton départ, je t’ai imaginé avec ton sac à dos, tes bagages. J’ai songé à Elise et à la petite dans tes bras.

J’espère qu’elles seront sages, ne te mettront pas trop dans l’embarras. 


Je réalise que je ne connais même pas ton horaire d’arrivé. Il n’y en a probablement pas.

J’admire ton courage dans cette aventure, j’ai jeté un œil à ce nouveau port d’attache, c’est très joli. Une belle architecture, riche d’histoire, des jardins. J’ai vu qu’il y a un Zénith, ça semble important !


Je t’avoue que j’y éprouve une forme de tristesse. J’imagine attendre ton retour, te guetter à la fenêtre comme une mère attendant le retour de son fils parti au combat.

Bien que je sache que cela t’est nécessaire. Aller à la rencontre des hommes, des villes pour enrichir ta poésie. Te confronter à la dureté de la vie, sans aucun artifice, vierge de tout matérialisme. Je savoure à te voir y prendre goût. Tu sembles si confiant, sûr, certain de la route à emprunter.


Je t’ai nommé Goldmund des temps modernes, c’est très juste. Je vois en toi ce dernier voyage de Goldmund et je me sens tel Narcisse. Je prie pour que l’issue soit meilleure mais je n’en doute guère.

Tu prends chaque épreuve comme un enrichissement. La fraude, la mendicité, ne pas avoir de logement, pas de quoi se nourrir.


Qui seras-tu à ton retour ? Serait-ce encore une nouvelle renaissance ? Egoïstement, j’aime à penser qu’une part de moi est partie avec toi. Parce que tu l’as dit, nous sommes tous liés et toi et moi, nous nous sommes tant intimement confessés que nos histoires se mêlent.


Tu es le frère que je n’ai pas eu, celui qui a accueilli mes peines dans tes bras, me consolant sans rien attendre en retour. Une épaule, une présence bienveillante, de douces paroles. Il me restera toujours cela, tes mots qui m’ont réchauffée.

J’en suis bien changée désormais, je me dois d’affronter le monde sans toi mais riche de ce que tu m’as instruit.


Je crois avoir oublié de te remercier, je jette cette lettre à la mer espérant qu’elle t’atteigne comme jadis mes mots l’ont fait.

Je continuerai à t’écrire en ton absence, cela me rappelle ton texte sur la correspondance. 


J’implore la fée qui te suit d’être présente à tes côtés. Le prix à payer pour l’inspiration me paraît bien élevé.

Je terminerai comme toujours, prends soin de toi l’ami !

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