De l'importance de l'écriture

Ils sont là mes points de suspension. 

Ces lettres écrites et jamais envoyées, jamais réceptionnées.
Destinataire inconnu. Inconnu et inexistant.

Sortant de mon esprit, vivant seulement dans mon imaginaire.

Tu ne pourras alors jamais partir, frère de mes pensées, pilier de mon âme.

Toutes ces correspondances lancées aux satellites, seraient-elles restées accrochées aux étoiles ? Vois-tu, lors des nuits dégagées, la lumière composée par mes mots ?

Comptes-tu les espaces entre chacun d’entre eux ? Les silences après chaque parole ? Le silence exprime parfois bien plus que nos phrases. Le savais-tu ?

De mes lettres, j’aimerais que tu en fasses des bateaux en papier. Mes mots voguant au rythme du vent, associant leur poésie à la mélodie de la nature.
Mettre l’encre de mes écrits dans l’eau et ancrer mes poèmes. 

Il en restera quoi alors dis-moi ?
De mes mots, couchés là, prisonniers de ma pensée, de ma pudeur.

Les mots ont ce pouvoir-là, d’être impudiques.
Leur rôle étant de révéler, de se révéler.
De former des phrases pour forger une identité. 

Les enchainer les uns après les autres comme l'on aligne des pierres pour ériger une cathédrale.

Ecrire, ça construit.
Ça permet l’évasion tout en posant les choses.

Les paroles ne sont plus lancées en l’air, éphémères. 

Ecrire, ça fige un sentiment, une sensation passée rapidement.

Afin de ne plus oublier un ressenti, pouvant s’y plonger à l’infini.

Lire, relire, découvrir et redécouvrir. 

Ressentir la force et l’importance de chaque terme utilisé.
Les choisir un à un, tel un outil de précision.

Appuyer le bon mot, l’enrober, le modeler pour faire de nos écrits des armes.

Armés contre l’inculture, l’insoumission et la mélancolie.
Armés et accompagnés.
Invincibles.