Lettre à mon âme


Chère âme,



Tu crois toi que le paraître oriente notre pensée ?


Que l’on juge, juge, sans connaître, hâtivement toujours.
On ne chercherait plus à être surpris, on aurait un avis, une idée sur tout, à chaque instant.

Alors quoi ? Il faudrait ressembler à ce que les autres attendent de nous.
Plaire, jouer, sur jouer.
Pour rentrer dans les cases, répondre aux codes.
Mais tu sais, le jugement sera toujours là. Seule l’étiquette changera.
Crois-tu, mon âme, qu’il est possible de se laisser guider par une personnalité ?
Retirer l’enveloppe corporelle et apercevoir la beauté de l’âme. La pureté d’un cœur, vierge de l’image.
Tu sais, je vois, j’observe et regarde tout autour de moi. Que vois-tu ?
Des corps, dénudés, comme approchant de la perfection.
Comprends-tu, mon âme, je n’y ressens plus rien.
Pas de sentiments, pas d’émotion. Ce qui constitue l’essence même de l’humanité.
Comment pouvons-nous, dis-mois, dissocier la vision des sensations.
Nous ne serions que des robots, acteurs d’une matrice destinée à faire de la beauté des pyramides. Tous érigés dans les mêmes directions.
Ne vois-tu pas du charme dans chacune de nos cicatrices ? La pureté des sillages ?
Ces aspérités qui composent nos êtres, faisant de nous tous, différent, un peuple se complétant, s’imbriquant.
Tu vois, je ne crois plus à l’appel d’un corps. Serions-nous aliénés ? Drogués à l’apparence ?
J’ai foi en la nature, le plus profond de l’Homme. Ce qui le relie à la Terre.
La Terre qui l’a enfanté, protégé, éveillé.
Mon âme, j’ai l’envie de nous ressourcer dans ce qui nous constitue.
La force du courant, la chaleur de la lumière. Commences-tu à éprouver ce besoin de renaitre ? Pour devenir plus forts, plus grands, ensemble.



Renaitre. Serait-ce cela ?
Comme deux morceaux distincts de mon être qui se retrouvent, se recollent, et se pardonnent.
C’était un conflit interne permanent. Une partie hurlante de désespoir, de douleur. Attendant l’écoute, l’amour, ce qui mettre fin à sa solitude.

L’autre, robuste, n’ayant pour but que de continuer à vivre, à avancer.
Laissant de côté les peurs, les angoisses, les doutes.
N’ayant pas la place pour les sentiments.

Ces deux parties se dissociant, déchirant mon âme.
Se sentir obligée de contenter l’une et l’autre, à son tour. S’en retrouver déséquilibrée.
Marcher sur le fil qui constitue mon être. Un fil fragilisé par la danse hésitante de mes pieds.

Pour finalement trouver le juste rythme, l’alchimie interne.
Un pas devenu léger, sûr, et plein de grâce.

Réconcilier ces éclats composant mon moi intérieur. Qu’ils n’en forment qu’un élément fort, robuste, solide.

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